Il y a un an, Hugo Broos en était au même... point avec le Sporting
Hugo Broos, le Sporting de Franky Vercauteren ne se comporte pas très différemment en Ligue des Champions de celui que vous entraîniez la saison dernière...
«Effectivement. Il réédite le même parcours désolant. Mon Sporting avait affronté le Werder Brême, le champion d'Allemagne, et Valence, le champion d'Espagne. Il avait défié l'Inter, un bon club italien. Celui de Franky a hérité, en Chelsea, du champion d'Angleterre et, en Séville, d'un grand d'Espagne. Mais Liverpool, tout lauréat de l'épreuve qu'il était, ne s'était pas qualifié dans sa compétition domestique pour l'actuelle Ligue des Champions: il a été repêché. Grosso modo, les six adversaires m'apparaissent de force sensiblement équivalente. Si le Sporting d'aujourd'hui n'a pas fait mieux que celui de la saison dernière, c'est parce qu'il a été confronté à des problèmes internes identiques. En cherchant, je décèle toutefois une seule petite différence: cette année, Anderlecht n'a jamais été ridicule. Mon Sporting le fut, à Brême: jamais nous n'aurions dû encaisser cinq buts au Weserstadion.»
Vous avez évoqué des problèmes internes. Quels sont-ils?
«Un effectif de qualité insuffisante, même si le président avait assuré qu'il était plus costaud que la saison dernière, et des éléments imprégnés de la même mentalité déficiente. Permettez-moi de ne pas développer ces thèmes. Herman Van Holsbeek l'a fait... pour moi en stigmatisant le comportement de ces pseudo-vedettes qui se reconnaîtront aisément. Il y a un an, certains jugeaient très commode de m'ériger en bouc émissaire de tous les péchés du Sporting. Il n'y a jamais eu qu'un seul responsable de tous les maux du Sporting Anderlecht: Hu- go Broos! Aujour- d'hui que j'ai quitté le club bruxellois, je constate que rien, ou presque, n'a véritablement changé...»
Sur la pelouse, quelle a été la principale différence entre les deux Sporting?
«Franky a fait évoluer son équi- pe de manière plus défensive que moi. À Chelsea et à Liverpool, il a joué pour ne pas perdre ou pour perdre par le plus petit écart possible. Dans cette disposition, on ne se crée pas une foule d'occasions. Moi, je ne m'y étais risqué qu'une fois, à Valence. Parce que nous nous étions inclinés, je m'étais fait littéralement assassiner. Je dois, toutefois, à la vérité de reconnaître qu'Anderlecht a parfois manqué de chance: à Chelsea, la première occasion franche du match, c'est lui, en effet, qui l'a forgée...»
Globalement, Franky Vercauteren est beaucoup moins critiqué que vous ne l'avez été...
«C'est exact. Peut-être parce qu'il a assimilé la leçon qui m'a été infligée. Moi, j'ai commis l'erreur colossale d'avoir voulu tout expliquer, en permanence. J'avais cru, de bonne foi, que la communication... à l'extrême faisait partie de mon boulot. Quelle faute était-ce! J'ai donné là à une certaine fraction de la presse le bâton pour me faire battre. Tout a, très vite, été matière à polémique. La première controverse est née tout au début de la saison, quand j'ai préféré Zit- ka à Peersman. Franky communique beaucoup moins souvent que moi. Il a mille fois raison! Il ne prête pas le flanc à la polémique puisqu'il ne livre rien. Il se comporte comme j'aurais dû le faire.»
Anderlecht est déjà éliminé, sans gloire, de deux compétitions sur trois. Pourtant, le feu ne paraît pas couver dans la maison mauve. Pourquoi n'y parle-t-on pas encore ou- vertement de crise?
«C'est une très bonne question! Je n'en sais rien. On sent des vibrations mais... la bombe n'explose pas. Tant mieux pour Franky.»
Êtes-vous resté en contact, Franky et vous?
«Oui. Il y a deux mois, nous avons convenu de laisser passer la Ligue des Champions avant de nous retrouver, en copains, pour évoquer nos expériences communes et individuelles. J'estime toujours que nous avons bien travaillé, lui et moi, pendant deux ans et demi. J'apprécie que nous ne nous perdions pas de vue. Mais son agenda me paraît plus chargé que le mien. Encore une chose le concernant: je trouve qu'il accomplit du bon boulot.»
Anderlecht peut-il encore remporter un match en Ligue des Champions?
«Si la direction n'avait pas tiré les leçons après deux parcours désolants identiques, ce serait à désespérer du plus grand club du pays...»
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