Anderlecht a commencé l'année de la plus mauvaise façon: en perdant. Mais la manière et le fond de jeu, plus que le résultat, sont inquiétants. Bien sûr, les leçons tirées de ces matches amicaux sont à relativiser, mais les Mauves ont trop souvent été mis en difficulté face à une équipe moyenne de la division 2 espagnole.
En première période, Vercauteren avait aligné une équipe sans doute proche de celle qui sera alignée d'entrée à la reprise, le 21 janvier. Mais Murcie se montrait plus enthousiaste et prenait d'emblée le jeu à son compte. Zitka, qui regoûtait au plaisir d'une titularisation, sauvait les meubles dès la 3e minute en repoussant une tentative espagnole sur le poteau. Les Mauves ne patientaient pas suffisamment à la construction et se trouvaient difficilement. À la 10e minute, Pujol se retrouvait toutefois seul devant le portier ibérique mais l'attaquant français perdait son duel. L'éclaircie dans la grisaille arriva des pieds de Wilhemsson: le Suédois, bien lancé par Deschacht, se jouait de l'arrière-garde de Murcie et Oleg Iachtchouk, jusque-là très peu présent, ouvrait la marque à la 38e.
En seconde période, Vercauteren changea tous ses pions et faisait jouer les habituels seconds couteaux, à l'exception de Proto. Le jeune Roland Lamah recevait ainsi sa chance sur le flanc gauche. Il s'agissait également des grands débuts de Nicolas Frutos dans l'équipe fanion anderlechtoise. Une première plutôt décevante: il gagna d'emblée plusieurs duels mais ensuite, on ne le vit presque plus pendant 40 minutes. À sa décharge, il faut dire qu'il n'a pas souvent été bien servi... L'Argentin a tout de même démontré de belles qualités balle au pied, mais il manque encore de punch et de présence.
Le niveau de jeu mauve était à peine meilleur et les Bruxellois peinaient à se créer des occasions. Le point de satisfaction de la soirée s'appelait Tioté: à gauche d'une défense à trois, il a démontré qu'il avait toutes les qualités pour rapidement s'imposer au Sporting.À la 79e minute, Manolo profitait de la nonchalance de la défense anderlechtoise pour égaliser. Son coéquipier Espadas l'imitait dans les arrêts de jeu et précipitait la première défaite de l'année d'Anderlecht.
MURCIE (1re mi-temps): José Juan; Alegre, Montoya, Amaya, Jonay, Kome, Diaz, Luque, Raul Medina, Piti, Goitom.
MURCIE (2e mi-temps): Jaime; Sanchez, Angel, Perez, Mane, Falcon, Espina, Manolo, Espadas, Rueco, Torres.
ANDERLECHT (1re mi-temps): Zitka; Zewlakow, Tihinen, Kompany, Deschacht; Wilhelmsson, Vanderaeghe, Zetterberg, Goor; Pujol, Iachtchouk.
ANDERLECHT (2e mi-temps): Proto; Juhasz, De Man, Tioté; Vanden Borre, Hasi, Lovré, Mitu, Lamah; Frutos, Delorge.
LES BUTS: 38e Iachtchouk (0-1), 79e Manolo (1-1), 90e+2 Espadas (1-2).
«Je peux apporter un plus»
Frutos se sent de plus en plus à l'aise au sein de l'équipe anderlechtoise
LA MANGA Depuis le mois de novembre, Nicolas Frutos a travaillé dans l'ombre, peaufinant sa condition physique et son intégration dans le groupe anderlechtois. L'Argentin est d'ailleurs très satisfait de son adaptation: «Mon intégration dans l'équipe se passe très bien. Je ne suis pas un difficile! J'apprends petit à petit les automatismes du noyau. Il est plus facile de m'adapter à l'équipe que l'inverse. Cela dit, je sens que je peux apporter quelque chose de nouveau à Anderlecht. Grâce à mes caractéristiques de jeu, je peux ajouter une touche différente à l'équipe. Je me considère comme un pivot. Dans ce rôle, j'apprécie autant de marquer que de faire marquer mes équipiers grâce à des déviations.»
Durant les séances d'entraînement, le géant albiceleste se heurte parfois à la barrière de la langue. Mais il se débrouille comme il peut... «Quand l'entraîneur parle en français et pas trop vite, je comprends l'essentiel. Et puis, il y a aussi Marius Mitu qui parle un peu espagnol. Je ne commencerai les cours de français qu'à mon retour de stage. Ce sera plus facile ensuite. Pour ma femme Romina, l'adaptation à la vie belge est moins évidente: elle n'a pas l'occasion comme moi de côtoyer tous les jours des gens qui parlent français.»
Après le départ de Jestrovic et les blessures actuelles d'Akin et Mpenza, les supporters mauves attendent beaucoup du transfuge argentin, sur les épaules duquel pèse pas mal de pression. «J'en suis conscient mais c'est un phénomène tout à fait normal: quand on arrive dans un nouveau club, il est naturel qu'on vous mette la pression. Cela ne m'a jamais gêné ou perturbé et ce n'est toujours pas le cas aujourd'hui.»
En Argentine, Frutos cachait parfois un objet porte-bonheur quelque part sur le terrain et le montrait à tous après ses buts. Le gri-gri sera-t-il de mise au Parc Astrid? «Pourquoi pas? Mais je dois dire que ça n'occupe pas trop mes pensées pour le moment. Actuellement, je n'ai qu'un désir: jouer!»
«Les supporters belges sont plus chauds que les espagnols»
Le pivot sud-américain attend avec impatience la reprise du championnat, le 21 janvier. «Je n'ai plus disputé de match officiel depuis trois mois. Ça fait long, comme vacances! J'ai travaillé très dur pour revenir au top physiquement et je pense que désormais, je n'aurai aucun mal à tenir le rythme pendant une rencontre entière. Mais sur le plan de mes sensations footballistiques, je ne suis pas encore à 100%, et c'est normal. Il me faudra accumuler du temps de jeu pour être à nouveau en pleine possession de mes moyens. Mon état de forme grandira au fil des matches.»
S'il profite cette semaine du soleil espagnol, il retournera avec ses équipiers lundi prochain dans le froid belge. «C'est ce qui me manque le plus depuis que je suis installé à Bruxelles: le soleil et la chaleur de l'Argentine. Heureusement, les Belges sont des gens humainement très chaleureux. D'après les matches auxquels j'ai déjà assisté, j'ai trouvé que les supporters étaient assez fervents. Pas autant qu'en Argentine, où les gens ne vivent que pour le football, mais plus qu'en Espagne. Et il y a d'autres bonnes choses en Belgique, comme le chocolat, que j'apprécie beaucoup. Je suis allé faire un peu de tourisme avec une personne du club, José Garcia, à Waterloo et à Bruges. La Venise du Nord est une très belle ville, même si je sais qu'elle abrite l'un de nos grands rivaux!»
Dans quatre mois, Nicolas deviendra papa. Et pour fêter l'événement, il espère offrir le titre à ses supporters...
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