Ils l'ont fait ! Après leur succès à l'aller, les Anderlechtois ont décroché la qualification en forçant les Bordelais au partage hier soir. C'est amplement mérité : sur l'ensemble des deux rencontres, le Sporting aura tout simplement été supérieur aux Girondins.
Si Jacobs alignait l'équipe attendue, tous étaient curieux de voir les choix de Blanc : le charismatique entraîneur des Girondins avait à nouveau décidé de laisser souffler plusieurs de ses stars, à savoir Micoud, Cavenaghi et Wendel. Les Bruxellois ne s'en sont pas plaint...
L'entame de match n'avait pourtant pas été rassurante pour le Sporting, avant que la pression bordelaise ne diminue. Le bloc anderlechtois, très compact, laissa très peu de marge de manoeuvre aux Français, qui se contentaient de deux essais manqués de la tête, signés Bellion et Chamakh.
En plus d'être très costaude défensivement, l'équipe mauve se montra réaliste : à la 33e minute, Boussoufa s'arracha pour chiper le ballon à Chalmé et lancer Akin. Le Turc manqua sa remise vers l'ex-Soulier d'Or mais Chatelle suivait bien et inscrivait, du pied gauche, son premier but européen sous la vareuse anderlechtoise. Le scénario restait idéal pour Anderlecht, puisqu'Obertan manquait l'égalisation en fin de mi-temps.
La pause ne changea nullement la physionomie de la rencontre et Anderlecht résistait sans trop de mal aux Girondins. Mbo Mpenza, entré au jeu à la place de Chatelle, passa bien près de tuer définitivement la rencontre, mais une claquette de Ramé en décida autrement.
Le suspense, dont les supporters bruxellois se seraient bien passé, fut ravivé par le redoutable Cavenaghi. Entré en même temps que Micoud, l'Argentin mit à profit la première occasion girondine en seconde période (1-1). Heureusement pour Anderlecht, Benoît Trémoulinas, l'ailier gauche de Bordeaux, laissa traîner la semelle sur Gillet dans la minute suivante et fut très logiquement exclu par M. Dereli, l'arbitre turc qui joua - à raison - beaucoup du carton hier soir... Au lieu de répondre par du jeu, l'actuel dauphin de Lyon en Ligue 1 ne proposa que de l'agressivité très déplacée, notamment en matraquant systématiquement Boussoufa. L'international marocain provoqua même une autre exclusion à Bordeaux, celle de Chalmé.
Les derniers instants furent très tendus, mais le Sporting tint bon jusqu'au bout. Anderlecht n'a pas volé sa qualification. Puisse-t-il montrer autant de volonté face au Bayern Munich !
On espérait une confirmation et voilà qu'on hérite carrément d'une qualification. Et pas n'importe laquelle, puisque ce n'est pas contre n'importe qui qu'elle a été forgée. Désolé donc, messieurs les Bordelais d'avoir bouchonné votre futur européen, mais peut-être auriez-vous dû moins snober ces "nains largués dans un championnat très faible", car ils ont su grandir assez pour se hisser, à nouveau, sur le devant de la scène européenne.
Mais au-delà du résultat et donc de la qualification, c'est surtout le comportement de l'équipe qui, hier, s'est révélé exemplaire. Les Anderlechtois ont en effet joué haut, ils ont joué vite, ils ont témoigné d'une saine agressivité, ils n'ont pas affiché de fébrilité et, en prime, ils ont pu s'appuyer sur quelques individualités qui ont eu le bon goût de sortir du lot. Mbark Boussoufa est de ceux-là. À lui seul, par sa technique, il a rendu ce Bordeaux très... rouge, s'affirmant comme un guide très éclairé pour le trio Biglia-Polak-Gillet, lui aussi motivé assez pour faire dérailler cette machine de guerre bordelaise qui venait d'empiler six buts à Monaco.
En fait, hier, dans ce Parc Lescure très vite rendu muet, on a retrouvé un Sporting, surtout au niveau de la mentalité collective, presque digne de ses glorieux aînés. La récompense pour cette véritable résurrection après tant de mois de galère porte désormais le nom de Bayern Munich. Dans quinze jours, ce sont les Ribéry, Toni, Klose, Kahn et autre Van Buyten qui vont découvrir un Parc Astrid enrobé d'une fierté retrouvée, cette fierté que les joueurs ont affiché à Bordeaux, car ils voulaient prouver qu'ils n'étaient plus des... nains !
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