Enfin! Hier soir, Anderlecht a mis fin à sa longue série de défaites en Ligue des Champions. Certes, ce Betis Séville-là était bien faiblard, mais les Bruxellois ont eu le mérite de croire en leurs chances et, pour une fois, ils se sont montrés réalistes en Ligue des Champions.
La composition de l'équipe mauve était claire: Vercauteren ne voulait prendre aucun risque en vue du déplacement à Zulte-Waregem samedi. Seuls quatre titulaires habituels étaient alignés d'entrée, à savoir ses trois défenseurs (Kompany, Juhasz, Deschacht) et Goor, suspendu le week-end prochain. Côté sévillan, Lorenzo Serra Ferrer laissait lui aussi plusieurs pions importants sur le banc, dont Joaquin, la star de la formation sévillane. Dès le coup d'envoi, les Anderlechtois, dont la plupart étaient des joueurs en manque de rythme, se montraient toutefois à leur avantage. Le Sporting faillit trouve la faille par Iachtchouk, idéalement lancé par Kompany, mais le lob de l'Ukrainien échoua à quelques centimètres à côté du but sévillan. Tioté, après un début de partie nerveux, trouvait ses marques: il s'infiltrait dans l'axe pour amorcer une frappe qu'il dévissa.
Le Betis inversa peu à peu la tendance et le danger se précisait devant le but de Daniel Zitka. La première grosse frayeur pour les Bruxellois intervint à la 27e: la reprise de la tête Rivas, sur un corner de Capi, battait le portier anderlechtois mais Goor repoussa à même la ligne.
C'est avant la pause que tomba ce que les supporters mauves attendent depuis 649 minutes en phase de poules de C 1: un but anderlechtois! La solution arriva des pieds d'un... défenseur: Vincent Kompany, au départ de la phase, s'arracha pour récupérer un ballon qui transita ensuite par Pujol et Baseggio. Le Clabecquois lança Kompany en profondeur: après un contrôle en apparence trop long, le Soulier d'Or ouvrit la marque grâce un tir qui passait entre les jambes de Doblas (0-1).
Lorenzo Serra Ferrer, conscient que rien ne tournait comme il le voulait, faisait entrer Joaquin et Xisco à la pause pour insuffler un peu plus d'animation offensive à son équipe. La lanterne rouge de Liga poussait timidement et se créait plusieurs demi-occasions, sans grand danger. La plus chaude alerte fut une bonne frappe de Capi, qui manquait la cible. Les troupes de Franky Vercauteren se serraient les coudes et Pujol manqua même une énorme occasion de doubler la marque.
Le Sporting a stoppé l'hémorragie sur la scène européenne, qu'il quitte sur une bonne note. Les Anderlechtois peuvent désormais se concentrer sur le championnat...
BETIS: Doblas; Oscar Lopez, Lembo, Rivas, Castellini; Israel (46e Joaquin), Rivera, Juande (71e Assunção), Juanlu (46e Xisco); Capi, Fernando.
ANDERLECHT: Zitka; Juhasz, Kompany, Deschacht; Delorge, Lovré (69e Tihinen), Tioté (84e Zetterberg), Baseggio (69e Zewlakow), Goor; Pujol, Iachtchouk.
ARBITRE: M. Ceferin (Slo).
AVERTISSEMENTS: Juhasz, Lovré, Fernando, Iachtchouk.
LE BUT: 44e Kompany (0-1).
649 minutes!
Le compteur restera donc bloqué à douze! Un triste record, soyons honnêtes, qui ne risque pas d'être battu de sitôt. Mais, à l'heure où Anderlecht a, à la fois, retrouvé le chemin du but et de la victoire, essayons de ne plus nous lamenter sur le chemin de croix que les Anderlechtois ont dû suivre dans cette Ligue des Champions où, c'est vrai, ils se sont montrés un peu courts mais pas ridicules. En fait, ils ont surtout payé au prix fort leur incapacité à inscrire un but. Imaginez qu'entre l'instant où le ballon frappé par le pied droit de Kompany a terminé sa course dans les filets de Doblas, il s'était écoulé... 649 minutes sans que le Sporting parvienne à marquer un but en phase finale de cette Ligue des Champions.
Or, comment espérer gagner un match ou même forcer un nul en témoignant d'une telle stérilité offensive? Ce n'est donc pas vraiment un pur hasard si une première victoire s'est articulée autour d'un premier but! Mais cela, Franky Vercauteren le savait aussi. Or, pour aborder cette rencontre, il avait volontairement accepté de déforcer son effectif de base. Un choix qu'il ne va évidemment pas regretter puisque ses réservistes, qui étaient sept au coup d'envoi, ont évidemment très activement participé à ce qui restera comme le seul exploit européen du Sporting de la saison.
Est-ce à écrire qu'il aurait dû procéder plus tôt de la sorte? N'exagérons pas. En face, le Betis était lui aussi déforcé et passablement démotivé, ce qui n'a pas été le cas de Chelsea et Liverpool lors de leurs affrontements avec le Sporting. Reste qu'hier ces réservistes ont fait rentrer 321.000 euros de plus dans les caisses et ils ont donné un fameux coup de pouce au coefficient Uefa du football belge! Pas mal pour de simples doublures de... luxe!
Philippe Lacourt
dhnet.be